Au pied de la falaise de la Sainte Victoire, Richeaume construit un paysage savant, cardé de vignobles, sur l’échine de terre rougeâtre qui coule en pointe de l’énorme roche. Un désert vertical, ocellé de buissons monte la garde des campagnes : emblavures frémissantes, vignes pâles, peignées de lanières de fourrage, arbres touffus, bosquets majestueux. Sur la germination de cette grâce, veille une forteresse en assomption, la montagne blême.

A tirer les sucs d’une lumière aride dont la pierre renvoie le jour vers toute cette douceur déployée, le vin de Richeaume voue sa vie souterraine et enfütaillée. Savoir sensible que de conclure l’alliance entre une géométrie minérale et l’humidité secrète des sèves.

Moelleux comme un soupir, une robe cardinalice et cramoisie, les rouges de Richeaume nous concilient les faveurs de cette falaise livide par l’onction, la suavité durable, conquises sur les terres frugales des coteaux. Comme si les Syrah, Cabernet, Grenache, avaient libéré la parole captive des sols ocres, friables et briochés, qui posent leurs taches sur les pinèdes. D’une sévérité mâle à une opulence sensuelle – les grands rouges, élargis de leur prison, consomment alors leur destin: guerriers élégants, ils se métamorphosent enfin en voluptueux sacerdotaux.

A sa manière, le rosé exauce les voeux de ce théâtre pétrifié, victime de sa propre rigueur: jubilation fraîche, subtile saveur, enjouement, une eau vive issue des flancs austères qui comblent le palais de son goût de silex. Soupçon d’encens, c’est un vin délicat aux transparences ambrées dont l´esprit musqué a des pudeurs d’églantine.

Le blanc irradie une allégresse retenue. Par son bouquet amène, il restaure la nostalgie du jardin des lys; il est la liesse végétale faite fruit. Alacrité au goût de pampre, il décline toutes les vertus d’un décor d’éboulis calcaire, bariolé de fauve et de vert têtu.

Sous la splendeur cannellée de la montagne – entablement d’un temple gigantesque dont le vent aurait arraché le toit – nous sommes consacrés à une science obscure et lumineuse dont ce vin est le témoin: il prête voix à un bonheur grave et passionné. Consentir sereinement à ta véhémence d’un relief qui fait croire que cette pierre aux origines fût frap pée de sidération, vieillir à l’ombre de cette nudité lapidaire. A la stupeur déclamatoire de la roche, Richeaume, par l’intégrité de son travail et la probité de son architecture, apporte l’acquiescement de son vin : un simple acte d’abandon à la merveille du monde.

Richeaume, au pied de la montagne Sainte-Victoire, s’inscrit dans un paysage de vignobles et dans les coulées de terres rouges qui descendent de l’énorme masse rocheuse.

Les pentes désertiques semblent veiller sur les emblavures, les bosquets, les prairies et les vergers installés depuis l’Empire romain sur un éperon allongé, en retrait de l’antique voie Aurélienne.
Les bâtiments donnent une identité particulière à tout le paysage du Domaine.

L’imbrication agricole : blé, fourrage, huile, amandes et vin correspond au souci de Henning HOESH qui est de mettre en oeuvre tout un mode de penser à propos du vin et de la campagne.

Cette diversité des cultures engendre une production saine et rationnelle qui, non seulement entretient et protège le paysage, mais représente la plus belle expression de l’Appellation d’un terroir.

Le souci écologique d’une complémentarité dans les cultures et celui du rejet du gaspillage se retrouvent dans la tradition méditerranéenne:
Dans l’Antiquité le paysage était celui du bon sens et de la convivialité.
Les échanges entre les éléments de la nature impressionnaient « Par quels procédés, la nature opère-t-elle cette merveilleuse circulation entre les trois règnes ? » (l’air environnant, le minéral et le monde animal et végétal).
Tout est solidaire, les cultures et l’élevage se déduisent les uns des autres. Qui dit mouton dit fourrage, qui dit fourrage dit fixation de l’azote dans le sol, donc blé foisonnant, riche paille, moutons prolifiques, fumier abondant à composter, donc vigneron comblé.

Ce cycle, organisé autour de J’oikos, (en grec : grande maison) est à la racine de l’écologie. Dans l’oikos, la science de l’économie s’accorde avec écologie.

Cette chaîne est à son apogée dans ce que la campagne, la vie rurale produit de plus noble, le vin.

Le vin de RICHEAUME est un hommage à Sainte-Victoire qui lui a donné le prestigieux titre de son Appellation:

COTES DE PROVENCE SAINTE-VICTOIRE

Les eaux de ruissellement qui circulent au sein de la montagne aride ressurgissent à RICHEAUME. Le sol, sablonneux et caillouteux en est toujours imprégné et les sources jaillissent de cette surabondance. De là, l’eau est canalisée et amenée dans un bassin qui épouse la forme du toit de la cave.

Des myriades de micro-organismes contribuent à maintenir une vie active dans un sol qui n’est pas agressé par les herbicides. Le compost y joue un rôle de stimulant essentiel, sa fabrication est l’objet d’autant de soins que celle apportée au processus de la fermentation dans les chais. Les déchets organiques du Domaine sont retraités dans le cycle des saisons.

LES VINS ROUGES

Cuvée tradition

Cette seconde cuvée du domaine est un assemblage des cépages traditionnels du midi avec, soit le Cabernet Sauvignon, soit avec la Syrah. Le naturel des vins rouges de Provence est ainsi corrigé et les vins acquièrent structure et ampleur. Les millésimes se distinguent par le fruité et la diversité de leurs arômes qui allient le poivre aux fruits rouges.

Cabernet Sauvignon

Au début des années 70, Mr HOESH fut un des premiers à planter le Cabernet Sauvignon en Provence. On ne pouvait pas, alors, prévoir le rayonnement de ce cépage qui a conquis toutes les régions vinicoles du monde.

Une cuvée de raisins de ce cépage, issus de parcelles d’un rendement de 35 à 40 hl/ha est régulièrement élaborée à RICHEAUME depuis 1978. Ces vins ont beaucoup de mâche en bouche dans leur jeunesse et les tannins, longtemps présents, se fondent et s’assouplissent grâce à un élevage en fûts qui se prolonge pendant 18 mois. Vins de caractère et de bonne structure, ils s’épanouissent en bouche avec des notes de poivre légèrement grillées.

Cuvée Columelle

Cette dernière création, parmi les différentes cuvées du domaine RICHEAUME est un hommage rendu à l’agronome romain Columelle qui a beaucoup étudié les cépages. Le vin de cette cuvée est un assemblage de plusieurs cépages et, celuici, reflète la façon dont l’austérité masculine du Cabernet Sauvignon équilibre la féminité moelleuse de la Syrah. Il s’ouvre par une note fumée, il s’élargit en une opulence légèrement chocolatée et se termine sur un goût marqué de mûre noire. 5a structure bien bâtie, avec des tannins qui se sont arrondis lors de l’élevage en bois neuf, confirme son caractère complexe de vin de garde.

Syrah

Ce té ne mérabte déré tai le plus singulier des vins rouges de RICHEAUME, exige de la part du néophyte une certaine éducation du goût et peut ne pas séduire de prime abord. C’est un vin à la robe violacée dont les fruits rouges sont enrobés dans un bois discret. On peut en savourer l’opulence à partir de la troisième année. Il est alors souple et enveloppant et se termine sur un goût de myrtille et d’airelle.

LES VINS BLANCS

Blanc de blancs

Ils sont faits à partir de Clairette et de Rolle, ce dernier étant appelé Vermentino en Corse. Les ceps de Clairette appartiennent à la partie la plus ancienne des vignes du domaine. Ce raisin donne au vin un caractère minéral avec une arrière bouche légèrement fleurie et miellée. Le cépage Rolle qu’on lui a associé depuis quelques années lui apporte une note plus déliée, plus vive. Sa bonne acidité fait ressortir les fruits de pêche blanche et de mangue qui apporte à sa rondeur élégance et persistance.

Sauvignon

Le rendement de ce cépage, planté en parcelles plus petites et sur les pentes les plus pauvres, est limité à 30 hl/ha De là une concentration qui permet de faire fermenter le moût en füts de chêne et d’élever le vin sur les fines lies. Le fréquent brassage au bâton lui confère une plénitude et une élégance onctueuse qui tempère la tonicité du sauvignon et lui assure du gras.

Rosé

Les cépages les plus fins du midi, Grenache, Syrah et Cinsault, se réunissent dans le rosé de Provence. Le rosé est considéré comme le témoin vivant de la vinification la plus ancienne dann le pourtour de la méditerranée. Il tire son nom de la brève macération des raisins à peine éclatés. Ce procédé confère au vin une couleur délicate qui se nuance du rouge pâle au rose d’églantine. Vin d’une saveur subtile, il comble le palais par le mariage de ses senteurs fines d’agrumes et de moelleux acidulé.

L’huile d’olive

L’huile des oliveraies de RICHEAUME, pressée à froid, est une composition savante des variétés Aglandau, Grossane et Bouteillan. Ces variétés recouvrent la Provence d’Arles à Nice et produisent une huile à la saveur sublime.
Le fumier de mouton, la paille et les marcs sont compostés et épandus dans le vignoble. Ils fertilisent les champs de blé et les fourrages cultivés autour du vignoble pour nourrir le troupeau. La vie agricole est ainsi au service de son produit le plus noble, le vin.
Le choix du cépage, la manipulation sans brutalité de la vendange, l’élaboration du moût, la conduite de la fermentation, l’élevage en barriques de chêne de l’Allier, tout s’accorde pour offrir un vin à l’image de la philosophie de son producteur.
L’architecture sans âge des bâtiments de l’aire à blé et le raffinement contemporain des lignes du chai illustrent avec bonheur la conception harmonieuse de l’agriculture qui prévaut à RICHEAUME.
La variété des cultures imprègne le paysage de la Provence. Vin, blé et huile forment la triade sacrée de l’antique mode d’agriculture en terre méditerranéenne. L’architecture fonctionnelle et esthétique respecte cette tradition et l’adapte aux exigences d’une vinification moderne.